Login

Interview « Le conseiller en élevage est devenu un objet de réflexion »

Soazig Di Bianco est enseignante-chercheuse en sociologie à l’École supérieure des agricultures (ESA) d’Angers.

Soazig Di Bianco, enseignante-chercheuse en sociologie à l’École supérieure des agricultures (ESA) d’Angers, nous livre sa réflexion sur l'évolution de la fonction de conseil.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Comment ont évolué les attentes des éleveurs à l’égard de leurs conseillers ?

Les conseillers faisaient auparavant autorité. Ils étaient maîtres de leurs marchés. Mais un glissement a été observé dans les années 2010 à 2015. Contexte économique tendu, marchés fluctuants… Les agriculteurs se sont saisis de leur rôle de chef d’entreprise à part entière, sur fond de méfiance croissante vis-à-vis des prestations de conseil. Ils ont progressivement donné un point d’orgue à la neutralité des recommandations qui leur sont faites et aux intérêts socio-économiques pour leur exploitation. Le conseiller est ainsi devenu un objet de réflexion.

De quelle manière le conseil est-il « géré » dans les exploitations ?

Deux grandes stratégies se dégagent. D’abord celle du cloisonnement, dans laquelle chaque conseiller tient un rôle précis. L’éleveur sait ce qu’il attend, met parfois à l’épreuve, et n’hésite pas à faire des comparaisons. Un bon historique de la relation est important, mais il n’occulte pas l’exigence d’obtenir des résultats. Cette organisation nécessite de réaliser des arbitrages, qui peuvent être perçus comme une charge mentale supplémentaire.

D’autres éleveurs cherchent donc un accompagnement plus global. Dans ce second schéma, le conseil peut aller au-delà de la technique pure, avec par exemple un élargissement sur le thème de l’organisation du travail. La gestion du conseil peut varier selon le profil des exploitants et des structures. Par exemple, il n’est pas rare que dans un Gaec où chaque associé est responsable d’un atelier ou de certaines tâches, on retrouve un conseil très cloisonné.

Par quels moyens, les structures de conseil s’adaptent-elles à ces nouvelles attentes ?

Dans les organisations proposant du conseil, comme les coopératives, les exigences sont montées d’un cran sur le recrutement. Le bac + 2 est devenu un niveau académique minimal à l’embauche. L’accent est également mis sur la formation en interne et la certification des compétences. Par ailleurs, les agriculteurs sont régulièrement interrogés sur leurs besoins pour ajuster l’offre de services.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement